Nike frappe fort avec le Vaporfly 4, chaussure ultra-légère à plaque carbone, taillée pour les longues distances et les records personnels.
La performance mesurée
Le 24 juillet 2025, Nike a officiellement lancé le Vaporfly 4, son dernier modèle destiné aux coureurs exigeants. Positionnée dans la gamme des chaussures de course à très haut niveau de performance, cette version entend répondre aux besoins des athlètes visant des chronos optimisés, notamment sur semi-marathon et marathon. Ce modèle se distingue avant tout par son poids plume de 166 grammes (5,6 oz), soit une réduction significative par rapport à la moyenne du segment carbone, généralement autour de 208 grammes (7,3 oz).
Cette économie de masse ne se fait pas au détriment de la stabilité ni de la propulsion. Le Vaporfly 4 intègre une plaque de carbone sur toute la longueur, associée à une mousse ZoomX repensée, pour une restitution d’énergie accrue. Plusieurs essais indépendants ont déjà validé ses performances, avec une amélioration mesurée de l’économie de course de l’ordre de 2,1 à 2,4 % par rapport à la version précédente. Cette donnée, bien que modeste à première vue, peut faire une différence décisive à l’échelle d’une compétition chronométrée.
Nike consolide ainsi sa domination sur le secteur très compétitif des chaussures de course à plaque carbone, un segment où les marques rivalisent d’innovation pour séduire les coureurs amateurs ambitieux comme les élites.
Une fiche technique pensée pour l’efficacité en course
Un gain de poids sans concession
Avec ses 166 grammes en pointure 42, le Vaporfly 4 figure parmi les chaussures les plus légères jamais proposées sur le marché du haut niveau. Ce poids réduit, obtenu grâce à un maillage ultra-fin, le Flyknit Atomknit 3.0, n’a pas sacrifié le maintien. Les ingénieurs ont procédé à une compression des fibres à chaud, limitant les coutures, pour conserver une structure rigide là où c’est nécessaire, notamment au médio-pied.
Cette légèreté se traduit sur le terrain par une fatigue musculaire différée lors des courses longues. Le confort a également été retravaillé avec une languette désormais intégrée à la tige, supprimant les points de pression tout en stabilisant le cou-de-pied.
Une plaque carbone et une géométrie optimisée
Le cœur technologique du Vaporfly 4 repose sur une plaque de carbone incurvée, insérée dans la semelle intermédiaire ZoomX. Ce composant, conçu en fibre composite unidirectionnelle, agit comme un levier lors de la phase de propulsion. Couplé à une géométrie retravaillée de la semelle, il permet un déroulé du pied plus dynamique, avec une transition accélérée entre l’attaque et la poussée.
La hauteur de semelle atteint 40 mm à l’arrière pour respecter la réglementation World Athletics, avec un drop de 8 mm. La rigidité longitudinale de la plaque a été adaptée aux contraintes biomécaniques pour chaque taille, afin de garantir un comportement homogène quelle que soit la pointure.
Une semelle extérieure retravaillée pour l’endurance
La durabilité reste souvent le point faible des modèles carbone. Sur ce point, Nike a revu le caoutchouc de la semelle extérieure, avec une texture légèrement plus dense au talon, là où s’opèrent les premières zones d’impact. La zone avant-pied, plus sollicitée dans la propulsion, bénéficie d’un nouveau motif de flexion, offrant une meilleure accroche sur sol humide sans pénaliser la fluidité.
D’après les premiers tests réalisés sur 500 kilomètres, les usures prématurées observées sur les anciens modèles ont été corrigées, sans augmentation notable du poids.
Un positionnement stratégique dans un marché hautement concurrentiel
Un segment en tension
Depuis l’introduction des chaussures carbone en compétition en 2017, la dynamique du marché s’est profondément transformée. En 2024, les ventes de chaussures dites « super shoes » ont représenté près de 29 % du marché des chaussures de course haut de gamme, avec une croissance annuelle estimée à 11 %. Les marques comme Adidas (avec l’Adios Pro), ASICS (Metaspeed Sky+), HOKA (Rocket X2) ou Saucony (Endorphin Elite) ont multiplié les sorties techniques, visant la même cible : les coureurs chronométrés, compétiteurs réguliers ou amateurs de performance.
Avec le Vaporfly 4, Nike maintient sa position dominante, aidée par un marketing lié aux résultats de ses athlètes sponsorisés. Lors des grandes marathons internationaux de 2024, plus de 53 % des podiums élites hommes et femmes ont été réalisés avec un modèle Vaporfly ou Alphafly.
Un prix qui cible les coureurs investis
Commercialisé à 285 euros, le Vaporfly 4 s’adresse à un public averti, habitué à investir dans du matériel technique à fort potentiel de retour en performance. Ce tarif, bien que supérieur à celui de modèles intermédiaires, reste en ligne avec ses concurrents directs : Adios Pro 3 à 270 €, Metaspeed Sky+ à 275 €, Rocket X2 à 250 €.
Nike propose également un programme de personnalisation via Nike By You, permettant aux coureurs de choisir coloris et inscriptions, bien que ce service n’ait pas encore été étendu à tous les marchés.
Une réception globalement positive mais nuancée par les retours terrain
Des tests en laboratoire confirmés sur route
Les premiers retours issus des laboratoires d’analyse de foulée ont confirmé les gains attendus. Sur tapis roulant en condition contrôlée, des gains d’économie d’oxygène de 2 à 3 % ont été mesurés sur des coureurs de niveau régional et national. Cette efficacité se traduit, en compétition, par un gain théorique de 40 à 70 secondes sur un marathon pour un coureur situé autour de 2 h 45.
Sur le terrain, les testeurs ont salué la stabilité accrue de l’arrière du pied, l’amélioration du confort sur les longues sorties, ainsi que la restitution d’énergie constante, y compris après 30 kilomètres de course.
Quelques limites selon les profils
Le Vaporfly 4 ne conviendra pas à tous les profils. Certains coureurs légers ont relevé une perte de sensation au sol sur les allures lentes, notamment en échauffement. D’autres regrettent un manque de polyvalence en dehors du bitume, où la géométrie très incurvée peut devenir instable sur terrain irrégulier. Enfin, l’amorti très souple peut poser problème aux coureurs talonneurs lourds, avec une perte d’efficacité lors de la transition.
Ces critiques sont néanmoins marginales dans l’ensemble, le Vaporfly 4 confirmant sa vocation : une chaussure pensée pour la vitesse sur longue distance, conçue pour des efforts chronométrés sur route.
Un outil d’élite au service des objectifs chronométrés
Le Nike Vaporfly 4 n’a pas pour ambition de plaire à tous. Il s’adresse à une cible définie, celle des coureurs investis dans une démarche de performance pure, avec un objectif de réduction du chrono. Dans cet usage, il répond à ses promesses : réduction du poids, efficacité biomécanique, confort prolongé et durabilité améliorée. Il ne remplace pas une chaussure d’entraînement, ni une paire pour trail ou pour multisurfaces, mais constitue un outil spécifique dans une panoplie de coureur.
Avec ce modèle, Nike ne cherche pas à innover à tout prix mais à consolider une formule qui fonctionne, tout en répondant aux critiques exprimées sur les versions antérieures. Ce positionnement clair contribue à asseoir sa légitimité dans un secteur qui ne tolère pas les approximations.
